Le
thème principal de ce comics tourne autour de l’approche du
nucléaire dans la société et la notion de pouvoir. On en perçoit
deux aspects :
Une
certaine fascination pour le docteur Manhattan qui par un accident a
développé des pouvoirs exceptionnels.
Mais
aussi une grande crainte de voir la vie sur terre disparaître par un
cataclysme nucléaire.
Le
docteur Manhattan une arme de guerre
De
par ses pouvoirs spectaculaires le docteur Manhattan devient :
« un élément nucléaire ambulant dissuasif ». C’est
grâce à lui que l’Amérique a gagné la guerre au Vietnam et que
Nixon est resté au pouvoir. Pouvoir, justement voila la place
centrale du docteur Manhattan : il fait de l’Amérique l’Etat le
plus puissant et le plus protégé du monde. Non pas pour assurer la
paix dans le monde mais pour préserver l’Amérique de ses ennemis.
Voila
l’utopie américaine et son patriotisme. « Le surhomme
existe et il est américain ». Cette utopie qui a toujours
était au centre de beaucoup de discours politiques, être le plus
fort, le plus craint et donc le plus puissant.
Chapitre 4 p.11
Cette
nouvelle arme fascine le monde entier mais à la fois on le craint.
Cet
homme nucléaire pourrait faire disparaître tout vie humaine de la
planète terre. « Se sentir menacer par le docteur Manhattan,
peut être que le monde ressent la même chose. »
L’apparition
du docteur Manhattan suscite la peur autant des russes que du monde
entier car il pose la question du nucléaire et pousse par conséquent
les ennemis de l’Amérique à utiliser des armes plus lourdes pour
pouvoir lutter. On n’est pas dans une utopie de paix où toutes les
tensions sont apaisées. Au contraire on cherche toujours à aller
plus loin dans la technique à être plus puissant encore que le
nucléaire même si cela peut causer notre perte.
Il
faut donc remettre en question ces idées de posséder l’arme
nucléaire ou non, et la perversion que cela entraîne. Le nucléaire
fait perdre la tête. Ceci est bien marqué lorsque le docteur
Manhattan s’exile sur mars. Le gouvernement américain est perdu et
agit dans une cruauté étonnante non plus pour protéger, mais pour
détruire. Détruire une partie du monde qui n’est pas la notre.
Défendre ses idées politiques entre deux grandes puissance n’est
plus du ressors diplomatique mais bien d’une violence aussi envers
des innocents. Toute la planète est mise en péril pour un différent
entre seulement deux Etats. Et personne n’est en mesure de lutter.
Chapitre 4, p. 21
Le
docteur Manhattan a une lourde responsabilité sur les épaules car
seul lui peut faire changer les choses, le monde entier. Cependant il
est incapable d’agir de son propre gré. Avec un tel pouvoir il
pourrait accomplir des choses incroyables. Et faire de ce monde un
monde parfait. Mais il n’aspire pas du tout à cette utopie. « Ils
disent que je suis devenu un dieu je lui réponds que je ne crois pas
qu’il y est un dieu et s’il en existe un il n’est pas moi »
Les
choses lui échappent. Il est incapable d’agir de son gré et obéit
seulement au gouvernement américain.
« Nixon me demande
d’intervenir au Vietnam ce que les autres n’auraient pas fait. »
Cette citation laisse voir que le docteur Manhattan semble être en
désaccord avec les choix du président Nixon et l’aberration de
l’utiliser comme une arme. Cependant il s’applique à obéir. On
observe un certain patriotisme aveugle mais cette notion n’apparaît
pas seulement dans ce cas là. Il le dit lui-même : « Page
103 chap. 4 : on décide beaucoup à ma place. »
Les
décisions du docteur Manhattan sont toujours manipulées autant par
le Spectre 2 « fais le sortir » « Fais le pour
moi »… Que par Ozymandias qui le pousse à s’exiler.
Mais
aussi avec le Comédien quand celui-ci tue la vietnamienne enceinte
de lui. Le docteur Manhattan même s’il exprime de
l’incompréhension et relève la cruauté du Comédien, n’a pas
bougé, n’est pas intervenu car finalement personne ne le lui a
indiqué.
Il
agit finalement comme un adolescent, mal dans sa peau et qui se pose
des questions sur le genre humain, le présent et son avenir.
Incapable
de prendre un parti il ne cherche pas à s’affirmer pourtant il a
un rôle plus que décisif .
Son
nihilisme inquiète car il traduit sa déshumanisation.
Le
docteur Manhattan, quand la technique dépasse l’être humain et le
transforme.
Son
seul intérêt pour l’humain est son aspect biologique. « Mort
ou vivant le corps humain à le même nombre de particules.
Structurellement il n’y a aucune différence. »
Le
seul élément qui va le pousser à revenir sur Terre pour la sauver
est sa fascination pour la reproduction de l’être humain et sur la
probabilité qu’un spermatozoïde précis vienne féconder un
certain ovaire pour donner la vie à un être humain spécifique et
unique.
Il
n’arrive plus a considérer les sentiments, mais en a-t-il encore
seulement ? Les seuls sentiments qu’il laisse percevoir sont
la mélancolie et le pessimisme. Même les termes holocauste,
anéantissement de la terre et guerre nucléaire ne provoquent chez
lui aucune réaction.
Le
nature humaine le dépasse car c’est quelque chose qu’il ne peut
comprendre, qui ne se calcule pas. De plus il ne trouve plus
d’intérêt à l’humain et à la planète terre « plus rien
ne ma rattache ».
Ne
se considère t-il plus comme un homme ? Le docteur Manhattan
est tellement qualifié par des noms différents (« « un
élément nucléaire ambulant dissuasif », « Il
caractérise mon arrivée de naissance d’un super héros »
« ils expliquent ce choix de nom par les idées redoutables
qu’il évoquera dans les esprits des ennemis de l’Amérique. Ils
ont fait de moi une créature impressionnante une créature fatale »)
qu’il se perd lui-même
L’opinion
publique l’a d’autant plus conduit à ce déshumaniser car il est
en permanence ramené au rang de dieu, de monstre ou d’arme mais
plus jamais en qualité d’homme.
Le
sort de l’humanité l’importe peu et il considère désormais
l’homme comme quelque chose de pathétique et voit l’avenir de
l’humanité chaotique. Que cet avenir soit proche ou plus lointain.
C’est pour cela qu’il s’exile sur mars et quitte la terre :
« je préfère l’immobilité qu’il y a ici j’en ai assez
de la terre, de tout ces gens, je suis las d’être enchevêtré
dans ce chaos de leurs vies. »
Chapitre 3, p. 29
« Ils
affirment qu’il travaillent à construire un paradis mais leur
paradis est rempli d’horreur. Peut être que ce paradis n’a pas
été fait. Peut être que rien n’a été fait… Il est trop tard
il a toujours été et il sera toujours trop tard », « même
dans un monde exempt d’arme nucléaire le danger existera
toujours. »
Il
met en avant la cruauté de l’être humain et souligne le fait que
l’arme nucléaire n’est qu’un danger parmi d’autres et que
même si le nucléaire n’existerait pas l’homme trouverait autre
chose pour ce mettre en péril. Il ne trouve aucune logique à ce à
quoi l’humain aspire. Il ne comprend plus.
Bien
que ce pessimisme soit plus ou moins partagé par les autres Watchmen
et notamment Rorschach et le Comédien, tout deux voient le docteur
Manhattan se perdre. « t’es en entrain de perdre le contact,
que dieu nous vienne en aide », « Manhattan a-t-il
seulement un cœur à briser ? ».
Son
nom a changé et dès lors qu’il fut nommé docteur Manhattan, Jon
Osterman est mort. « je ressens la peur pour la dernière
fois »
Ce
personnage haut en couleur vient casser cette utopie d’homme le
plus puissant du monde, le plus fort et le super héros que les
enfants rêvent de devenir.
Car
il n’est plus un homme mais une créature névrosée qui ne trouve
la paix que lorsqu’il quitte la Terre.
L’évolution
technologique vient prendre le dessus sur l’homme et l’empêche
d’évoluer dans des actions simples de la vie courante. Que ce soit
le docteur Manhattan qui l’illustre parfaitement mais aussi tout
les êtres humains. La guerre nucléaire ressemble à un suicide
collectif même universel pourtant personne ne relève cette
aberration. Le nucléaire vient brouiller l’intelligence humaine et
le pousser au pire des vices.
Finalement
l’exil du Docteur Manhattan à la fin du comics ne serait-il pas
une métaphore sur le fait que l’arme nucléaire n’ai rien à
faire sur la planète Terre ?
Source :
Source :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire